Quand on investit plusieurs centaines de milliers de dirhams et deux ans de sa vie dans un MBA, il est naturel voire légitime, de se poser une question essentielle : cette formation va-t-elle réellement améliorer mon salaire et ma carrière ?
Au Maroc comme ailleurs, la promesse d’un MBA repose souvent sur la perspective d’une évolution professionnelle rapide, d’une meilleure rémunération et d’un accès à des postes de direction. Pourtant, entre les attentes nourries avant l’inscription et la réalité du marché de l’emploi, l’écart peut parfois surprendre.
Dans cet article, nous analysons de manière claire, objective et locale l’impact réel d’un MBA ou d’un Executive MBA (EMBA) – sur la rémunération au Maroc, tout en explorant les facteurs qui influencent le retour sur investissement de cette formation stratégique.
Structure de l’article :
Le coût d’un MBA : un investissement stratégique
Avant d’aborder la question du salaire après MBA, il est indispensable d’évaluer les coûts que représente une telle formation au Maroc.
Un MBA accrédité dans une grande école privée peut coûter entre 100 000 et 300 000 MAD, selon le programme, les partenariats internationaux, la durée et les options choisies. Pour un Executive MBA, les tarifs peuvent grimper au-delà de 350 000 MAD, notamment si des modules sont assurés par des universités étrangères.
À cela s’ajoutent souvent :
- Les frais de déplacement (en cas de séminaires à l’étranger)
- Le temps dédié à la formation (souvent en dehors des heures de travail)
- Les sacrifices personnels (vie familiale, équilibre mental, etc.)
C’est un engagement global, bien au-delà du coût financier, qui pousse chaque candidat à se demander : cet effort en vaut-il vraiment la peine ?
Salaire après MBA : ce que montrent les chiffres

Les données disponibles au Maroc sur le salaire après MBA sont encore limitées, mais certains établissements et cabinets de recrutement ont commencé à publier des tendances.
Selon des retours de diplômés de MBA au Maroc et des enquêtes internes d’écoles comme l’ISCAE ou l’UIR, la revalorisation salariale moyenne se situe entre 30 % et 50 % dans les 2 années suivant l’obtention du diplôme. Ce chiffre varie selon le niveau de départ, le secteur d’activité et la stratégie de carrière du diplômé.
Pour un cadre gagnant 15 000 MAD nets/mois avant son MBA, cela signifie un potentiel de 20 000 à 25 000 MAD nets/mois après 12 à 24 mois, s’il parvient à repositionner son profil.
Cependant, il est important de souligner que cette progression n’est ni automatique ni garantie. Elle dépend de nombreux facteurs que nous allons détailler.
Salaire après EMBA : un levier de repositionnement stratégique
L’Executive MBA cible un public différent, souvent composé de cadres expérimentés et de hauts potentiels occupant déjà des fonctions managériales.
Dans ce contexte, la question n’est pas tant celle de l’entrée dans la vie active, mais plutôt du repositionnement stratégique : prise de poste en direction générale, ouverture vers l’international, pilotage de filiale ou encore passage à l’entrepreneuriat.
Le salaire après EMBA peut ainsi enregistrer des hausses importantes, notamment si le diplômé :
- Change d’entreprise à la suite du diplôme
- Monte dans la hiérarchie interne
- Change de secteur vers des industries plus rémunératrices (finance, conseil, tech, etc.)
Des progressions de 50 % à 80 % ont été observées dans certains cas, en particulier pour des profils passant d’un poste de middle management à une fonction exécutive.
Quels secteurs rémunèrent le mieux après un MBA au Maroc ?
La rémunération après MBA varie fortement en fonction du secteur d’activité. Voici quelques tendances observées au Maroc :
Secteurs à forte valeur ajoutée salariale :
- Banque & Finance : Les diplômés de MBA peuvent accéder à des postes de stratégie, gestion des risques, M&A, où les salaires sont attractifs.
- Conseil en stratégie & management : Un MBA est souvent une exigence pour les postes de consultant senior ou manager.
- Tech & Digital : Avec la transformation numérique, les profils hybrides business-tech sont très recherchés.
- Industrie pharmaceutique & agroalimentaire : Les fonctions marketing et développement commercial sont bien rémunérées, surtout avec un MBA.
Secteurs avec progression plus lente :
- Fonction publique : Peu d’évolution salariale même après un MBA, sauf reconversion vers le secteur privé.
- ONG & associations : Valeur du diplôme reconnue, mais progression salariale modérée.
L’emploi après MBA est donc intimement lié à l’orientation sectorielle choisie. Le diplôme seul ne suffit pas : il doit s’inscrire dans une stratégie cohérente.
Rémunération après MBA vs compétences acquises

Au-delà de l’évolution du salaire après MBA, il faut considérer la valeur ajoutée globale de la formation :
- Leadership renforcé
- Compétences stratégiques
- Vision globale de l’entreprise
- Capacité d’adaptation à des environnements complexes
- Réseautage professionnel de haut niveau
Ces compétences accélèrent l’évolution professionnelle, même si l’effet sur la rémunération peut parfois être différé dans le temps.
Un MBA positionne mieux un profil pour des opportunités à moyen et long terme, souvent inaccessibles sans ce type de formation.
Facteurs qui influencent le retour sur investissement
L’impact d’un MBA ou EMBA sur le salaire dépend de plusieurs paramètres :
1. Expérience préalable
Un jeune diplômé avec peu d’expérience verra son MBA comme un accélérateur, mais avec un retour sur investissement plus long.
Un cadre expérimenté, en revanche, peut tirer un bénéfice immédiat grâce à son positionnement stratégique.
2. Qualité de l’école
Un MBA reconnu, accrédité ou délivré par une institution ayant des partenariats internationaux, a plus de poids sur le marché.
3. Mobilité professionnelle
Ceux qui acceptent de changer d’entreprise, de ville ou de secteur après leur diplôme obtiennent souvent une augmentation salariale plus rapide.
4. Capacité à valoriser le diplôme
Le MBA est un outil, pas une fin en soi. Il faut savoir le mettre en avant en entretien, dans les négociations et dans sa stratégie de carrière.
Comment maximiser l’effet d’un MBA sur sa rémunération ?
Voici quelques conseils pour optimiser l’impact de votre diplôme sur votre progression salariale :
- Soignez votre personal branding : CV, profil LinkedIn, pitch professionnel doivent refléter votre montée en gamme.
- Exploitez le réseau alumni : c’est souvent grâce au bouche-à-oreille qu’émergent les meilleures opportunités.
- Ciblez les secteurs porteurs : où la valeur du MBA est réellement monétisable.
- Négociez intelligemment : au moment de la prise de poste post-MBA, justifiez votre prétention salariale par les compétences acquises.
- Restez en veille : suivez les tendances du marché et adaptez votre positionnement en conséquence.
MBA au Maroc : diplôme de prestige ou outil de carrière ?

Certains voient encore le MBA comme un symbole de réussite sociale, une sorte de « graal académique ». Pourtant, sur le marché marocain, il est de plus en plus considéré comme un outil professionnel structurant, destiné à répondre à des enjeux concrets :
- Piloter une transformation
- Changer de trajectoire professionnelle
- Accéder à un poste de direction
- Développer son propre projet entrepreneurial
Le diplôme n’est pas une garantie automatique de hausse salariale, mais il devient un accélérateur puissant, à condition de s’inscrire dans une dynamique stratégique cohérente.
FAQs – Salaire après MBA
Est-ce que tous les diplômés de MBA voient leur salaire augmenter ?
Non. L’augmentation dépend de l’école, du secteur, de l’expérience du candidat, et de sa stratégie après l’obtention du diplôme.
Combien de temps faut-il pour rentabiliser un MBA au Maroc ?
En moyenne, entre 2 et 5 ans. Cela peut être plus rapide si le diplômé change de poste ou de secteur après sa formation.
Un EMBA permet-il de viser des postes de direction ?
Oui. C’est l’un de ses objectifs principaux. Les diplômés d’EMBA sont souvent promus à des fonctions stratégiques ou siègent dans des comités de direction.